(…) Des interruptions, des hésitations, comme celles de notre mémoire. Des morcellements, aussi. Le murmure de mots dans les silences musicaux aux couleurs, des lignes, entre les figures. Tous les tableaux d’un peintre sont des autoportraits. Toutes les figures, tous les traits, tous les tons sont issus et tissus de lui. Ils sont de sa main, davantage sans doute qu’à sa main. SP : Souvenirs Peints, initialement inscrits dans cette peinture qui se déploie au fil des années, de motifs en motifs, parfois rencontrés (retrouvés ?) par un « heureux hasard » … ?
Ici, chez Sauveur Pascual, ce sont des variations, des visions décortiquées et sublimées à travers la recherche d’un souvenir personnel enfoui dans des photographies banales, sans aucune aura particulière, images souvent oubliées de mémoires collectives ou intimes, cartes postales ou photographies familiales. Certaines variations nous font face comme des évidences de profondeurs, notamment à travers leur format, imposant, mural, large comme l’horizon de ces
« pans de mémoire » qui tapissent nos rêves, nos souvenirs, nos somnolences, nos fascinations. D’autres nous invitent plus doucement, mais toujours d’aussi près, à considérer le chaos, la complexité des formes, des lignes, des volumes, des matières colorées qui inquiètent la représentation des choses et des figures dans la peinture de Sauveur Pascual. Sûreté du geste et de la touche, très enlevés, qui font surgir, apparaître un personnage, une figure, un regard, une présence, un événement pictural. La peinture comme sous-venir.
Sauver la lumière des choses : le défi, la tâche, le geste, la joie et la tragédie, l’œuvre même de la peinture. (…)
Extrait du texte intitulé « SP….à la source du tableau.. »
Jean Michel Koch, écrivain-philosophe
